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L’HORLOGE


Pourquoi, lorsque minuit par douze fois m’effleure,
Pourquoi ne plus entendre, ainsi qu’auparavant,
Ta voix répercuter ses coups dans ma demeure ?

Mon Dieu ! vous auriez dû me faire indifférent
Pour qu’au timbre argentin de l’horloge de ville
Mon cœur ne souffrît pas en se remémorant !

Vous l’auriez dû, mon Dieu ! car la douleur servile
Est là qui me tourmente et fait de moi son jeu
Sitôt qu’une heure tombe et chez moi se faufile.

Car la voix qui chauffait mon cœur comme du feu
Me reparle et me dit : « C’est telle heure qui sonne,
Si nous sortions un peu ? » Puis nous sortions un peu.

Et pendant que le chat sur mes genoux ronronne,
Douce, la voix reprend : « Il faut songer, petit,
« Que je suis ta maîtresse aussi bien que ta bonne.

« C’est le quart, tu devrais être déjà parti.
« Tes amis, au café, t’attendaient pour six heures,
« Tu viendras me reprendre à sept heures, petit ! »