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d’orchestre arrive avec ses musiciens, mais je suis très-surprise de ne point voir venir ceux du Gymnase (qui déjà plusieurs fois avaient joué dans mon orchestre). On attend jusqu’à huit heures, et le chef d’orchestre me dit alors : « Vous voyez bien, Mademoiselle, que l’on ne pourra pas répéter, et que vous serez forcée de faire accompagner au piano. — Non, Monsieur, lui répondis-je ; nous allons répéter comme nous le pourrons, ce soir ; et vendredi, nous serons au complet. — Les musiciens du Gymnase ne viendront point, reprit-il, je l’ai su ; ainsi comment ferez-vous ? — Avec de l’argent, Monsieur, je me procurerai les instrumentistes qui me manquent. » — De l’argent !… C’est que je n’en avais point ! Comment faire ?… Je passe une nuit des plus agitées ; je me lève, sans avoir encore rien arrêté dans ma pauvre tête. Je me rends ainsi au Conservatoire, où mes artistes m’avaient donné rendez-vous pour une répétition au piano. Et bien ! avez-vous trouvé vos musiciens, me demandèrent-ils ? Oui, oui, leur répondis-je. Je n’étais guère à ma répétition, quand tout à coup Dieu me vint en aide ; je les expédie le plus vite possible, en leur disant : À demain la répétition générale ; soyez