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POPULARITÉ DU ROI CHARLES x

travagante et qu’il ne faut avoir aucun égard à ses impressions. Toutefois il s’est passé quelque chose depuis une semaine : l’impopulaire Monsieur était tenu pour hostile aux nouvelles lois du pays ; le populaire Charles x s’est proclamé leur protecteur et leur protégé. Ne serait-il pas plus logique de conclure que la France a une opinion, une volonté, et que c’est le maintien des intérêts nouveaux et de la Charte constitutionnelle acquise par trente ans de souffrances ?

— Eh ! bon Dieu, me répondait-on d’un ton dénigrant, personne n’a envie d’y toucher à votre Charte, ni de molester les intérêts révolutionnaires. Qu’ils vivent en paix. Mais il n’est pas juste de leur sacrifier le peu d’avantages restés aux classes supérieures… et puis, enfin, il faut pouvoir gouverner. »

Monsieur de Villèle profita du nouveau règne pour ôter la censure dont il était déjà embarrassé. Il n’y gagna pas grand’chose, car les attaques permises furent aussi vives que lorsqu’elles étaient défendues.

La veine libérale ne fournit pas longuement. Le Roi et ses conseillers revinrent à leurs habitudes, et l’animadversion contre le gouvernement s’augmenta de toute la force des espérances qu’on avait si vivement et si légèrement conçues.