CHAPITRE XII
J’ai lieu de croire que la sagesse des premiers moments était en grande partie due à l’influence de monsieur le Dauphin. Monsieur de Villèle, sachant par expérience le parti qu’on peut tirer de l’héritier de la couronne, comprit sur-le-champ la force qu’acquerrait une opposition raisonnable dont il serait le chef, et voulut la neutraliser.
Feignant une grande admiration pour le jugement si sain de monsieur le Dauphin, il demanda à en illuminer le conseil. Le Prince sentit le piège. Les personnes honorées de sa confiance l’engagèrent à refuser ; mais le Roi commanda : le fils obéit comme il a fait à tous les ordres de son père jusqu’à la perte de la couronne inclusivement. Toutefois, il était bien aise qu’on ne le crût pas solidaire des actes de ce conseil où il consentait à siéger. Il ne blâmait rien de ce qui s’y décidait, mais il affectait de n’y avoir aucune part.
Ainsi, le lendemain d’une mesure importante prise contre son opinion, il disait tout haut, en passant près de la table du conseil et en frappant sur le siège qu’il y occupait : « Voilà un fauteuil où je fais souvent de bons sommes. » Une autre fois, à Saint-Cloud, s’adressant à