CHAPITRE xx
Le premier jour de l’année fut remarquable par le discours du Nonce au Roi où il sembla lui donner des conseils d’une politique ultramontaine fort bien accueillis dans la réponse de Sa Majesté. Cette circonstance fit renouveler le bruit qui circulait tout bas que ce nonce, Lambruschini, assisté du cardinal de Latil, avait, avec l’autorisation du Pape, relevé Charles x des serments prononcés à son sacre. Je n’affirme pas que cette cérémonie ait eu lieu ; des gens fort instruits des affaires l’ont cru.
Ce même premier janvier, la cour royale, ayant en tête son président, monsieur Séguier, se présenta chez madame la Dauphine. Monsieur Séguier se disposait à lui adresser les félicitations d’usage lorsqu’elle lui coupa la parole en disant de la façon la plus hautaine : « Passez, messieurs, passez. » Ces deux circonstances firent grande sensation et donnèrent fort à commenter. Repousser si durement la magistrature du pays tandis qu’on recevait bénévolement les conseils antinationaux, c’étaient deux fautes graves ; mais le temps était arrivé où elles se succédaient rapidement.