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liv. ier.
AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGÈRES.


lindrique, grêle et serré, est long d’environ 4 po.; — les balles sont petites, blanches à l’extérieur, vertes sur les côtés.

Ce gramen, justement vanté par les Anglais à cause de l’abondance de ses fanes et de la bonne qualité de son fourrage pour les bestiaux de toutes sortes, a depuis longtemps été semé isolément pour en faire des prairies artificielles. — Il se plaît de préférence et donne ses meilleurs produits dans les terrains humides, quelle que soit d’ailleurs leur composition, argileuse, sableuse ou même tourbeuse. — « Dans les terres sablonneuses de Bonny (Loiret), j’en ai vu, dit M. Vilmorin, des pièces excellentes chez feu M. le comte de Chazal, qui en obtenait depuis 1000 jusqu’à 1400 bottes de 5 à 6 kilog. par hectare. Le foin de cette plante, quoique gros, est très-bon. Le thimothy étant une des graminées les plus tardives, si on l’emploie pour former le fonds d’une prairie permanente, on doit éviter de lui adjoindre les espèces très-hâtives. Les agrostis, les fétuques des prés et élevée, sont celles qui, sous ce rapport, iraient le mieux avec lui. — On peut encore employer très-avantageusement le thimothy en pâture, même sur des terrains médiocres, pourvu qu’ils aient de la fraîcheur ; M. de Chazal en faisait également un grand emploi de cette manière. — La graine se sème en septembre et octobre, ou en mars et avril, à raison de 14 à 16 livres par hectare.»

La Fléole noueuse (Phleum nodosum, Lin.) est facile à distinguer par ses racines bulbeuses, par ses tiges remarquablement coudées aux articulations, par sa panicule plus courte et ses glumes parfois purpurines encore plus distinctement ciliées.

Cette espèce, qui se plaît dans les mêmes terrains que la précédente, n’est ni plus précoce ni aussi productive.

Phalaris (Phalaris). Glume uniflore, à deux valves égales creusées en nacelle, et non tronquées comme dans le genre précédent ; — balle à deux valves inégales, pointues et de moindre longueur que la glume ; — fleurs en panicule ou sorte d’épi cylindrique. (Voy. les détails de la fig. 649.)

Phalaris roseau (Phalaris arundinacea, Lin.), Ruban d’eau ; — Rubanier ; — Alpiste roseau, etc. (fig. 649), vivace ; tiges droites de 4 à 5 pieds, poussant facilement des racines de chacun de leurs nœuds ; — feuilles lisses, larges et longues ; — panicules blanchâtres nuancées de violet. Il existe une variété bien connue par ses feuilles rubanées de vert et de blanc.

Fig. 649.

Quoique cette belle graminée ait en quelque sorte l’apparence d’un roseau, elle en diffère cependant essentiellement par le fait. Ses liges, dans leur jeunesse, produisent sous la faulx un fourrage tendre et nourrissant. — Elle abonde à la vérité dans les prairies humides ou arrosées de la Lombardie, de la Suède, et on la retrouve fréquemment en France dans des lieux analogues ou sur les bords des fleuves ; mais, bien qu’elle ne croisse spontanément que dans les terrains presque aquatiques, des expériences récentes dues à MM. Vilmorin, dans le Gâtinais, Jacquemet-Bonnefonds, près d’Annonay, et Descolombiers, aux environs de Moulins, tendent fortement à faire croire que la même plante peut utiliser des terres calcaires assez maigres , des terrains granitiques très secs, et qu’elle résiste même mieux que beaucoup d’autres à des étés peu pluvieux.

Le Phalaris, ou Alpiste des Canaries (Phalaris canariensis, Lin.), dont il a été parlé ailleurs sous d’autres rapports (Voy. pag. 410 et fig. 650), peut aussi servir de fourrage.

Les chevaux s’accommodent assez bien de sa paille fauchée après la maturité des graines, quoiqu’elle soit en cet état dure, et qu’elle doive communément être préalablement brisée. En Angleterre, où on cultive çà et là cette plante pour sa graine, et où on la regarde sous ce point de vue comme une récolte fort incertaine, eu égard au climat, on se console en partie de la voir manquer, parce qu’elle donne toujours au moins un fourrage vert plus estimé, d’après Loudon, que celui de tous les autres végétaux culmifères.

Fig. 650.

Le Phalaris Fléole (Phalaris phleoïdes, Lin.) est beaucoup moins élevé que le rubanier ; — ses feuilles sont larges et courtes ; — ses fleurs, réunies en une sorte d’épi grêle assez semblable à celui de la fléole des prés, mais dont les épillets sont portés sur des pédoncules rameux. — On le rencontre ordinairement sur les terrains élevés et peu fertiles ; aussi est-ce en pareille situation qu’on peut recommander de l’utiliser. Il fournit un herbage recherché de tous les bestiaux, et surtout des bêles à laine, qui le broutent avidement sur les pâturages où ils le rencontrent encore jeune.

Panis (Panicum). Glume uniflore, bivalve, à la base de laquelle se trouve une troisième valve placée en dehors du côté plane de la