Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/572

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le cœur des bulbes de narcisse pour le dévorer.

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§ iii. — Insectes dévastateurs des arbres fruitiers.

Le nombre en est si considérable que nous insisterons peu sur ceux qui n’attaquent que les troncs ou parties ligneuses ; on en traite d’ailleurs à l’article des arbres forestiers ; nous ferons observer toutefois qu’on a passé sous silence des Buprestides et Elater creusant fortement les bois, comme le dermestoïdes, la Lampyris cœrulea, l'Omalisus suturalis, les Ljmexylon navale (Lymexylon naval) (fig. 738), si pernicieux aux chantiers ; des Hister, des Erotylus, des Mordella, des Dendrophagus, les Cerambyx, Leptura (Lepture éperonnée) (fig. 739), etc. On ne peut négliger la larve de Saperda ou Cerambyx carcharias, qui détruit si souvent les plus belles plantations des peupliers ; ni celle du C. linearis, qui ravage les jeunes coudriers ; ni les Necydalis, rongeant les saules (Nécydale fauve) (fig. 740), ni la Chrysomela populi, ni la Galeruca calmariensis (Galéruque de la tanaisie) (fig. 741), destructive des charmilles, etc.

Aux premiers jours du printemps, une armée immense de Chenilles assiègent nos arbres à fruit, s’y promènent pour les ravager, et menacent toutes nos espérances ; telles sont les Processionnaires (Bombyx neustria), les Phal. castralis, hiemalis, geometra, etc., sur les abricotiers, pruniers, cerisiers, et les Pyralis pomana (Pyrale des pommes) (fig. 742), vitis, Phal. antiqua, brumata, etc., sur les arbres à pépins, pommiers, poiriers, etc.; la Phal. grossulariata, sur les groseillers ; la Tinea (Yponomeuta) padella, en société nombreuse sur les arbres à noyaux ; les Cossus ligniperda, les Pithyocampa, les espèces poilues, sur une foule d’autres végétaux.

Sans doute nos fruits courent les plus grands risques en présence de tant de rongeurs ; mais ceux ci ont aussi pour ennemis, outre les oiseaux, des races vengeresses, les larves d'Ichneumonides et de Chalcides, qui détruisent bon nombre de ces chenilles en les perçant de leurs dards, et en les chargeant de leurs œufs. Ainsi le Calosoma sycophanta fait une grande consommation des processionnaires ; une armée de légers coureurs, d’autres coléoptères carabiques, avec les Cicindèles, les Staphylins, se régalent chaque jour de cette abondante pâture ; mais cela n’empêche pas les soins indispensables de l'échenillage.

Ensuite arrivent les immenses générations des Pucerons et autres Aphidiens. Peu de jeunes végétaux en sont exempts, et ces hémiptères en extraient une sève sucrée qui, exsudant ensuite de leur corps, attire les Fourmis nuisibles à leur tour par leur acidité et leur instinct déprédateur.

On a tenté diverses lotions amères ou fétides contre les pucerons et les fourmis qui les suivent. Ces moyens sont préférables aux fumigations étouffantes du soufre brûlant qui tuent les jeunes pousses, et aux corps gras ou résineux qui fatiguent également les végétaux. C’est ainsi qu’on a conseillé des lotions avec de l’eau imprégnée d’essence de térébenthine délayée avec de la terre, selon de Thosse ; depuis peu l’on a découvert un moyen plus efficace dans des aspersions faites avec de l’eau chargée d’essence de houille fétide ; c’est ainsi qu’on parvient à écarter le Puceron lanigère, si funeste aux pommiers de la Normandie, qui s’est tant répandu depuis l’an 1812, et que l’on croit originaire de l’Amérique. Toutefois , il ne faut pas moins laisser multiplier les larves des Coccinella, dites lions des pucerons parce qu’elles en font un énorme carnage sans toucher aux végétaux. Les Érotyles leur ressemblent dans d’autres contrées (Erotyle bigarré) (fig. 743). Il en est de même des larves de Syrphus et autres Muscides (Musca, L.), qui sucent avec une étonnante rapidité ces pucerons, espèce de bétail nourricier pour ces races carnassières, et pour des Némotèles, des Hémérobes.

Outre les pucerons, il y a des Psylla des Kermès, qui fatiguent d’autres végétaux, comme le Kermès du figuier, celui du châtaignier, etc.

Les Cochenilles ou Coccus se multiplient aussi de préférence dans les serres d’orangerie, sous les feuilles des hespéridées, surtout par la chaleur humide ; il faut les en délivrer le plus qu’on le pourra.

Enfin, dès avant la maturité de nos fruits, ils sont déjà rongés au cœur par une foule de larves appelées des vers, et qui appartiennent à plusieurs races d’insectes.

D’abord, les fruits farineux ou féculens sont recherchés par les Bruchus, Geoff., les Ptinus fur, et P. latro, P. scotias, P. sulcatus, les Anobium ou Vrillettes (Vrillette marquetée) (fig'. 744), les Byrrhus pilula et autres à l’état de larve, les Anthrenus qui n’épargnent rien ; ainsi le Bruchus pisi se niche dans les pois et vesces ; plusieurs Anthribus ou Rhinomacer, et des Rhychœnus attaquent beaucoup d’autres semences légumineuses (Rhinomacer curculionoïde) (fig. 745). Les Forficules auricularia et minor causent de grands dégâts parmi les fruits de nos jardins (ForficuLe biponctuée, mâle) (fig. 146).