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chap. 5.
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MALADIES DES CHEVAUX.


raître aussi promptement que possible les symptômes de l’abcès ; on y parvient en mettant en usage le traitement que j’ai fait connaître en parlant de l’ophthalmie aiguë (voyez ce mot).

F. Maladies des membres.
§ 1er . — Considérations générales.

Les maladies des membres, comme celles du pied, que nous examinerons bientôt, ont pour caractère général, mais non essentiel, de taire boiter les animaux qui en sont atteints ; elles portent par conséquent les noms génériques de boiteries et de claudications. Ces maladies peuvent être légères ou graves, et donner lieu à des boiteries plus ou moins fortes. Lorsque l’animal se borne à appuyer moins franchement sur le sol avec le membre malade qu’avec les autres, on dit qu’il feint. Si la douleur est plus forte, que l’animal ne s’appuie que le moins possible sur le membre boiteux, et que pendant la marche il accompagne cet appui de balancemens considérables de la tète, on dit qu’il boite tout bas. Enfin la douleur peut être assez vive pour empêcher l’animal de se servir du membre malade ; on dit alors qu’il marche à trois jambes. Ce dernier signe est le plus grave. Le point souffrant d’où procède la boiterie est indispensable à connaître pour y appliquer des remèdes ; il se manifeste quelquefois par des plaies, des ulcères, des suintemens, des tumeurs diverses (eaux-aux-jambes, crevasses, exostoses, etc.). Malheureusement, il est des cas où les causes de la boiterie sont loin d’être aussi évidentes, et où il est nécessaire de recourir à un examen très-détaillé ; trop heureux encore quand on parvient à découvrir le mal ! car il faut avouer que dans bien des circonstances il est fort difficile de reconnaître, non-seulement la partie malade, mais encore le membre boiteux. Voici cependant les principaux moyens d’être éclairci sur ce point.

On distingue quatre temps dans la part que chaque membre prend aux allures : 1° le lever ; 2° le soutien, instant où le pied avance à peu près sans monter ni descendre ; 3° le poser, instant où il regagne le sol ; 4° l’appui, moment où le pied qui a tombé sur le sol supporte sa part du corps jusqu’à un nouveau lever. Si l’on considère dans sa marche un cheval boiteux, on voit que le membre malade fait son lever le plus vite, son soutien le plus long, son poser le plus tardif et son appui le plus court qu’il est possible. Au contraire, le membre qui correspond à celui qui est malade fait son appui le plus long, et les autres temps aussi courts que possible, afin de venir au secours de celui qui est souffrant. Si le mal existe à un membre antérieur, la tête s’élève dans l’instant où il fait son appui, et la charge se prolonge sur le bipède diagonal opposé. Lorsque la douleur existe à un membre de derrière, la tête s’abaisse à l’instant où ce membre fait son appui, et ce mouvement, en reportant sur les membres de devant une partie du poids du corps, soulage d’autant ceux de derrière ; le membre postérieur sain accélère son poser pour prolonger son appui. Dans les boiteries légères, dont le siège ne se manifeste pas d’abord suffisamment, au lieu de faire marcher le cheval au pas sur un chemin de sable ou sur la terre, on le fait partir au trot sur le pavé, et l’on a soin que le conducteur, courant à pied, tienne la longe à quelque distance de la tête. On se place d’abord en arrière, puis en face du cheval, puis enfin ou se place de manière à le voir trotter de côté, et même en cercle avec changement de main.

Le membre boiteux étant reconnu, il s’agit de procéder à la recherche de la partie malade. Voyons d’abord pour les membres de devant. Un caractère qui n’a, je crois, été indiqué par personne et dont je me suis servi plusieurs fois avec avantage, peut faire reconnaître de suite si la maladie a son siège dans le pied ou à une autre région du membre : en faisant marcher l’animal boiteux sur un fumier épais, la claudication diminue ou disparaît si elle provient d’une altération du pied ; elle persiste ou elle augmente si elle est occasionnée par une toute autre cause. Si le cheval est atteint d’un écart, l’extrémité inférieure du membre décrit une courbe en dehors pendant la marche, l’animal fauche. Dans ce cas, la boiterie augmente lorsqu’après avoir fléchi le membre malade, on l’écarte violemment du corps ; d’ailleurs l’absence de tout signe de douleur dans les autres parties du membre vient confirmer le diagnostic. Si le cheval boite du genou, le mouvement de faucher existe encore un peu, mais cette boiterie est facilement reconnaissable à l’enflure de cette partie, et aux signes de douleur que l’animal donne quand on la comprime. La claudication qui dépend d’une maladie des tendons se reconnaît à leur gonflement, et à la douleur que l’animal manifeste quand on les touche ; en outre le cheval cherche à se soulager en mettant constamment ces tendons dans le relâchement ; pour y parvenir il n’appuie le membre que sur la pince, et il tient les talons relevés. Les efforts de boulets se reconnaissent aussi facilement que ceux du genou. — Dans un membre postérieur, l’action de faucher indique presque toujours un effort de cuisse ou un état maladif du jarret. Ici comme pour les membres de devant, lorsqu’on fait marcher l’animal sur un épais fumier, la boiterie diminue ou disparaît si elle provient d’une altération du pied ; elle persiste ou elle augmente si elle procède d’une autre cause. Si le cheval est atteint d’un effort de cuisse, l’appui du pied sur le sol se fait par tous les points de la circonférence de sa face inférieure, la boiterie augmente lorsqu’on a fortement porté le membre successivement en avant, en dehors, et en arrière ; le reste du membre ne présente aucune douleur. Un cheval atteint d’un effort de grasset éprouve beaucoup de difficulté à lever le membre malade ; il le traîne à terre eu raclant le sol avec sa pince. Un effort de jarret s’oppose à la flexion de cette partie qui s’enfle, et devient chaude et douloureuse.

Si la manière dont se fait la boiterie ne suffit pas pour rendre compte du siège et de la nature du mal, il faut laisser l’animal en repos, examiner attentivement, presser, comprimer dans tous les sens, faire mouvoir et