Page:Maistre - Du pape suivi de l'Église gallicane, Goemaere, 1852.djvu/106

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j’en crois ; et si en tournant le feuillet ils veulent dire le contraire pour ménager la chèvre et les choux, je les traiterai sur cela comme ces ménageurs politiques. Ils ne me feront pas changer ; je suivrai leur exemple, car ils ne changent pas d’avis pour changer de note[1].

Vous lisez donc S. Paul et S. Augustin ? Voilà les bons ouvriers pour établir la souveraine volonté de Dieu ; ils ne marchandent point à dire que Dieu dispose de ses créatures comme le potier de son argile ; il en choisit, il en rejette[2]. Ils ne sont point en peine de faire des compliments pour sauver sa justice ; car il n’y a point d’autre justice que sa volonté[3]. C’est la justice même, c’est la règle ; et après tout, que doit-il aux hommes ? Rien du tout ; il leur fait donc justice quand il les laisse à cause du péché originel qui est le fondement de tout ; et il fait miséricorde au petit nombre de ceux qu’il sauve par son Fils. — N’est-ce pas Dieu qui tourne nos cœurs ? N’est-ce pas Dieu qui nous fait vouloir ? N’est-ce pas Dieu qui nous délivre de l’empire du démon ? N’est-ce pas Dieu qui nous donne la vue et le désir d’être à lui ? C’est cela qui est couronné ; c’est Dieu qui couronne ses dons ; si c’est cela que vous appelez le libre arbitre, ah ! je le veux bien. — Jésus-Christ a dit lui-même : Je connais mes brebis ; je les mènerai paître moi-même, je n’en perdrai aucune… Je vous ai choisis ; ce n’est pas vous qui m’avez choisi. Je trouve mille passages sur ce ton ; je les

  1. J’espère que cette confession est claire, et voilà le véritable caractère de la révolte. L’enfant de l’Église, au contraire, n’a rien à dire dans les conversations, ni même dans le tête-à-tête, qu’il ne dise de même dans ses livres et dans la chaire.
  2. C’est-à-dire qu’il sauve on damne pour l’éternité sans autre motif que son bon plaisir.
  3. Ne croyez ni aux livres imprimés avec permission, ni aux déclarations hypocrites, ni aux professions de foi mensongères ou ambiguës ; croyez Mme de Sévigné, devant laquelle on pouvait être aimable tout à son aise. Il n’y a point d’autre justice en Dieu que sa volonté. Cette miniature fidèle du système mérite d’être encadrée.