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Page:Maistre - Du pape suivi de l'Église gallicane, Goemaere, 1852.djvu/99

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LIVRE I.

« des pédants absurdes, insolents et sanguinaires des bourgeois tuteurs des rois[1]. »

Ailleurs, c’est un honorable membre du comité de salut public qui nous dit : « Le parlement ferait mieux de se souvenir et de faire oublier aux autres, s’il est possible, que c’est lui qui a jeté le brandon de la discorde, en demandant la convocation des états généraux, »

Il rappelle ensuite l’arrêt qui exclut Charles VII, et que le comte de Boulainvillers appelait la honte éternelle du parlement de Paris. Il finit par nommer les anciens magistrats de ce corps, des quidams[2].

Nous entendrons un grand homme dont le nom rappelle tous les genres de savoir et de mérite, se plaindre « que les procédures des parlements de France sont fort étrangères et fort précipitées ; que lorsqu’il est question des droits du roi, ils agissent en avocats et non en juges, sans même sauver les apparences et sans avoir égard à la moindre ombre de justice[3].

Mais rien n’égale le portrait des parlements dessiné par l’un des plus grands orateurs chrétiens, et montré aux Français du haut de la chaire de vérité. J’en présenterai seulement quelques traits.

  1. Supplément aux lettres de Voltaire, tom. II, pag. 208 ; lettre à Marmontel, du 6 Janvier 1772. Ainsi, des Nicolaï, des Lamoignon, des Pottier, des Molé, des Séguier, etc., sont des bourgeois aux yeux du gentilhomme ordinaire. Il est très-plaisant ! Mais le gouvernement qui ne pensa jamais à châtier ce grand seigneur, eut très-grand tort, et s’en est mal trouvé.
  2. Mém. de M. Carnot( qui n’est certainement pas un quidam) à S. M. T.-C. le roi Louis XVIII. Bruxelles, 1814, pag. 82, note 2.
  3. Pensées de Leibnitz sur la religion et sur la morale, in-8o, tom. II, p. 484. À ces mots de Leibnitz, lorsqu’il est question des droits du roi, il faut ajouter contre le Pape et contre l’Église ; car lorsqu’il s’agissait de ces mêmes droits considérés en eux-mêmes et dans l’intérieur de l’État, les parlements ne demandaient qu’à les restreindre, surtout à l’égard de ces mêmes parlements. Il y avait dans le magistrat français un républicain et un courtisan, suivant les circonstances. Cette espèce de Janus montrait une face au roi et l’autre à l’Église.