Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/117

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Chapitre I

(1) De là Sapor, enorgueilli de sa capture et comptant sur de nouveaux succès, partit à petites journées pour Amida, où il arriva le troisième jour.

(2) Le lendemain, au lever de l’aurore, tout l’horizon resplendissait de l’éclat des armes. Une immense cavalerie bardée de fer couvrait les plaines et les collines.

(3) En avant des escadrons, on distinguait le roi à sa haute taille, au bonnet d’or parsemé de pierreries, dont il se coiffait au lieu de diadème, et qui figurait une tête de bélier ; enfin, à cet entourage de princes de différentes nations, marque de sa suprême puissance. La garnison était persuadée que, suivant l’avis d’Antonin, il ne ferait que passer devant la ville, et ne tenterait rien de plus qu’une sommation.

(4) Mais la divine Providence, dans la vue sans doute de circonscrire sur un point le fléau qui menaçait l’empire, inspirait à ce monarque une confiance sans bornes. Il croyait qu’à sa seule vue les assiégés, frappés de terreur, viendraient lui demander à genoux la vie.

(5) Aussi le vit-on avec sa royale escorte caracoler devant les portes de la ville, et même en approcher d’assez près pour qu’on pût sans peine distinguer les traits de son visage. Son brillant costume le rendit aussitôt le but d’une volée de flèches et de projectiles. Il faillit même être percé d’un javelot de rempart ; mais en fut quitte cependant pour une déchirure à son vêtement, grâce à un nuage de poussière qui ne permit pas d’ajuster le coup, et conserva cette vie pour la destruction de tant d’autres.

(6) La violation d’un temple ne lui eût pas paru plus sacrilège : c’était un attentat à la personne du souverain de tant de peuples et de rois. Il allait à l’instant même faire les derniers efforts contre la ville coupable, si les chefs n’étaient intervenus pour représenter avec douceur contre cet emportement, qui compromettait le salut