Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/132

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ancienne.

(4) On y consulte l’oracle, tantôt directement, tantôt par mandataire. Les demandes sont rédigées par bulletins sur papier ou sur parchemin, suivant des formules consacrées, et restent quelquefois dans le temple après qu’on a obtenu les réponses.

(5) Quelques-uns de ces bulletins, choisis avec une maligne intention, furent mis sous les yeux de l’empereur. Ce faible esprit, incapable de la moindre application aux choses sérieuses, montrait une singulière promptitude d’appréhension pour les affaires de ce genre : sa pensée soupçonneuse en saisissait tout d’un coup les moindres détails. Cette communication l’irrita au dernier point. Paul est aussitôt dépêché muni de pleins pouvoirs en Orient, pour prendre en main les informations et diriger les procès à sa guise. C’était un chef qui avait fait ses preuves.

(6) On lui adjoignit Modestus, comte d’Orient, à qui ce rôle convenait à merveille. Hermogène du Pont était alors préfet du prétoire ; mais sa douceur était suspecte. On le laissa de côté.

(7) Paul, qui ne respirait que haine et destruction, se rendit en toute hâte à son poste. Dès ce moment la bride fut lâchée à la calomnie. Nobles ou obscurs, traînés en masse de presque tous les points de l’empire, succombaient en route sous le poids de leurs chaînes, ou périssaient dans les prisons.

(8) On choisit pour théâtre des exécutions la ville de Scythopolis en Palestine ; d’abord à cause de son isolement, et puis parce qu’elle se trouvait dans une position intermédiaire, à portée de recevoir les accusés d’Antioche et d’Alexandrie.

(9) Simplice comparut l’un des premiers. Il était fils de Philippe, qui avait été préfet et consul ; son crime était d’avoir, disait-on, consulté l’oracle pour savoir s’il parviendrait à l’empire. Un ordre exprès du prince enjoignait de le mettre à la torture ; car l’étourderie même en ce cas ne trouvait pas grâce devant lui. Mais, par une protection spéciale du sort, Simplicius sauva ses membres, et ne fut que déporté.

(10) Ce fut ensuite le tour de Parnase, homme de mœurs simples, et qui avait été préfet d’Égypte. Placé à deux doigts d’une condamnation capitale, il en fut quitte également pour l’exil. Il était prévenu d’avoir raconté à plusieurs personnes qu’à la veille de quitter, pour solliciter un emploi, la maison qu’il habitait à Patras en Achaïe, sa ville natale, il s’était vu, en songe, escorté de plusieurs personnes en costumes tragiques.

(11) On traduisit après eux en jugement cet Andronicus, qui se fit depuis une si belle réputation comme savant et comme poète. Mais sa justification, présentée avec la sérénité d’une conscience irréprochable, ne laissant subsister aucune charge contre lui, il fut renvoyé absous.

(12) Démétrius Cythras, surnommé le Philosophe, leur succéda. C’était un homme d’un âge avancé, mais d’une grande force d’âme et de corps. L’accusation lui reprochait d’avoir souvent offert des sacrifices ; il convint du fait. Mais c’était, disait-il, simplement pour se rendre la divinité propice, par suite d’une habitude d’enfance, et nullement par ambition ou curiosité sacrilège. Personne, à sa connaissance, en consultant l’oracle n’avait eu d’autre motif. Après l’avoir longtemps tenu sur le chevalet sans que sa constance se démentît, sans qu’on pût remarquer la moindre variation dans ses réponses, on lui laissa la vie