Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/197

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Cet amphibie a la forme du cheval, mais le pied fourchu et la queue courte. Deux traits suffiront pour faire juger de sa sagacité.

(22) C’est ordinairement dans un épais fourré de roseaux qu’il établit sa bauge ; et il s’y tient coi, mais toujours au guet, jusqu’à ce qu’il juge le moment propice pour aller chercher pâture dans quelque champ de blé. Quand il est repu, il a soin au retour de décrire diverses traces à reculons, pour confondre les pistes, et dérouter les chasseurs qui en veulent à sa vie.

(23) Autre exemple. L’hippopotame mange avec excès ; et quand son ventre, épaissi par trop de nourriture, engourdit ses mouvements, il s’ouvre les veines des cuisses et des jambes en les frottant contre des roseaux fraîchement coupés, afin d’alléger sa réplétion par cette saignée ; puis il enduit ses plaies de limon jusqu’à ce qu’elles soient cicatrisées.

(24) Ce rare et monstrueux quadrupède a paru pour la première fois dans un amphithéâtre romain, sous l’édilité de Scaurus, père de celui dont Cicéron prit la défense, et à propos duquel il somme les habitants de Sardes de montrer pour cette noble famille les mêmes sentiments que le reste du genre humain. On a vu à Rome plusieurs hippopotames dans les siècles suivants ; mais il ne s’en trouve plus aujourd’hui en Égypte, par la raison, disent les habitants, que ces animaux, se voyant pourchassés, ont émigré chez les Blemmyes.

(25) Parmi les oiseaux d’Égypte, dont les variétés sont sans nombre, on distingue l’ibis, oiseau sacré, dont la forme plaît à l’œil et dont les habitudes ne sont rien moins que nuisibles ; car il nourrit ses petits d’oeufs de serpents, et par là diminue la reproduction de ces reptiles à la morsure empoisonnée.

(26) Les ibis volent encore par bandes à la rencontre des venimeux dragons ailés qu’envoient à l’Égypte les marais d’Arabie, les combattent en l’air et les dévorent, sans permettre à leurs pernicieuses phalanges de passer la frontière. On prétend que l’ibis fait ses petits par le bec.

(27) L’Égypte nourrit encore une infinité de serpents, et des plus dangereuses espèces, basilics, amphisbènes, scytales, acontiades, dipsades, vipères et autres. Le plus remarquable par sa taille et la beauté de sa robe est l’aspic, qui ne quitte jamais le Nil, à moins d’y être forcé.

(28) L’Égypte, sous bien d’autres rapports, mérite l’attention de l’observateur ; et nous ne pouvons passer sous silence la colossale structure de ses temples et de ses pyramides, qu’on a rangées parmi les sept merveilles du monde. Hérodote nous apprend ce que leur construction a coûté de temps, et offert d’obstacles à surmonter. Larges à la base, aigus au sommet, ces édifices s’élèvent à une hauteur que jamais n’atteignit aucune autre construction de main d’homme.

(29) Cette figure s’appelle en géométrie pyramide, parce qu’à la ressemblance de la flamme (G-tou pyros), elle va s’atténuant en cône à mesure qu’elle s’élève. Par une conséquence physique de cette diminution progressive de bas en haut, les pyramides n’ont point d’ombre.

(30) On voit encore sur divers points de la contrée des galeries souterraines aux mille détours, laborieusement construites, à ce qu’on croit, par les dépositaires de la science des anciens rites, qui, dans l’appréhension d’un déluge, voulurent conserver la tradition des cérémonies, et firent