Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/198

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sculpter à cet effet, sur les parois de ces voûtes, d’innombrables figures d’oiseaux et d’animaux, qu’ils appelaient écriture hiéroglyphique.

(31) C’est là qu’est la ville de Syène, où pendant le solstice d’été les rayons du soleil tombent d’aplomb ; ce qui fait que tout objet placé en ligne verticale en est simultanément frappé de tous côtés, et ne projette aucune ombre. De sorte que si l’on jette les yeux sur un bâton perpendiculairement fiché en terre, sur un arbre, ou sur un homme debout, on ne voit aucune ombre se dessiner sur le sol à l’extrémité inférieure de la ligne que l’objet décrit dans l’espace. On dit aussi qu’à Méroé, ville éthiopienne, voisine de l’équateur, l’ombre, quatre-vingt-dix jours durant, se projette en sens inverse de chez nous ; ce qui a fait donner à ses habitants le nom d’Antisciens.

(32) Mais les merveilles abondent tellement dans cette contrée, que leur seule mention dépasse les bornes de cet ouvrage. Nous laisserons le soin de les relater à de plus hautes intelligences, nous bornant à faire connaître brièvement ses divisions géographiques.

Chapitre XVI

(1) Le royaume d’Égypte, dit-on, ne se composait anciennement que de trois provinces, l’Égypte, la Thébaïde et la Libye. Ce nombre, dans les âges suivants, s’augmenta de deux, l’Augustamnique et la Pentapole, qui ne sont que des démembrements, l’une de l’Égypte propre, l’autre de la Libye aride.

(2) La Thébaïde compte parmi ses villes les plus célèbres Hermopolis, Coptos et Antinou, bâtie par Adrien en l’honneur de son cher Antinoüs. Et qui n’a entendu parler de Thèbes hecatompyle ?

(3) Parmi les villes de l’Augustamnique on cite la célèbre Péluse, fondée, dit-on, par Pélée, père d’Achille, qui, meurtrier de son frère Phocus, et poursuivi par les Furies, vint, par l’ordre des dieux, se purifier dans le lac qui baigne les murs de la ville. On y remarque encore Cassium, où s’élève le tombeau du grand Pompée, Ostracine et Rhinocorure.

(4) Dans la Pentapole de Libye on voit Cyrène, ville antique, aujourd’hui déserte, bâtie par le Spartiate Battus. Viennent ensuite Ptolémaïs, Arsinoé ou Teuchira, Darnis et Bérénice, qu’on nomme aussi Hespéride.

(5) La Libye aride a peu de villes municipales. De ce nombre sont Parétonion, Chérécla et Néapolis.

(6) Quant à l’Égypte propre, qui depuis sa réunion à l’empire est gouvernée par un préfet, sauf quelques villes inférieures, on n’y voit que de nobles cités, telles qu’Athribis, Oxyrynche, Thmuis et Memphis.

(7) Mais entre toutes ces villes la prééminence appartient à Alexandrie ; honneur dont elle est redevable à la munificence de son créateur et à l’habileté de son architecte Dinocrate. On dit que, manquant de chaux au moment où il jetait ses fondations, cet artiste en traça le périmètre avec de la farine. Ce fut un présage de l’abondance dont la ville nouvelle devait jouir un jour.

(8) Il y règne une température toujours égale, et l’on n’y respire qu’un air doux et salutaire. Il est même constant, d’après une suite continue d’observations, que pas un jour ne s’écoule sans que les habitants ne voient le ciel serein.

(9) Cette côte était jadis perfide pour les navigateurs, par la multitude de ses bas-fonds et de ses écueils de tous genres. Cléopâtre imagina de faire