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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/299

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dans une nudité complète. Mais le bourreau coupable de cette indignité fut par la suite brûlé vif.

(29) Deux sénateurs, Paphius et Cornélius, qui firent l’aveu de s’être mêlés de maléfices, furent exécutés, sur un ordre seulement de Maximin. Le procurateur de la monnaie eut le même sort. Séricus et Asbolius, précédemment cités, furent assommés à coups de balles de plomb attachées à des lanières. Maximin, pour obtenir d’eux des révélations, leur avait garanti que le fer ni le feu ne serait contre eux mis en usage. Mais il livra aux flammes l’haruspice Campensis, à qui il n’avait rien promis.

(30) C’est ici le lieu, je pense, d’indiquer ce qui amena l’exécution précipitée d’Aginace, dont l’opinion s’est entêtée à faire un noble, sans que les preuves de son origine aient jamais paru au grand jour.

(31) L’ambition effrénée de Maximin s’était de bonne heure décelée. Il n’était encore que préfet des subsistances, que déjà son audace, trop sûre d’une haute protection, allait jusqu’à braver l’autorité de Probus, à qui sa position de préfet du prétoire donnait la haute main sur les provinces.

(32) Aginace était déjà piqué de s’être vu, lui, lieutenant de préfet, préférer Maximin par Olybrius pour la direction des enquêtes. Il s’avisa en cette occasion de prendre pour Probus fait et cause, et d’insinuer dans les lettres à ce dernier que pour réprimer un subalterne insolent il n’avait qu’à le vouloir.

(33) Mais Probus eut peur de se compromettre contre un scélérat consommé qui s’appuyait sur la faveur du prince ; et l’on assure qu’il envoya secrètement par un exprès cette correspondance à Maximin. La rage de celui-ci fut extrême ; et dès lors, semblable au serpent qui connaît la main qui l’a blessé, il mit tout en œuvre contre le signataire.

(34) Une excellente occasion se présentait pour le perdre ; il en profita. Après la mort de Victorin, Aginace, que ce dernier avait fort avantagé dans son testament, ne laissait pas d’attaquer sa mémoire, prétendant qu’il avait trafiqué des sentences de Maximin. Il fut même assez inconsidéré pour menacer d’un procès Anepsia, sa veuve.

(35) Celle-ci, pour s’assurer la protection de Maximin, lui fit croire que son mari avait fait en sa faveur un legs de trois mille livres d’argent par codicille. La cupidité de Maximin (c’était encore un de ses vices) prend feu tout aussitôt, et le voilà réclamant la moitié de l’héritage. Mais c’était trop peu pour le satisfaire. Il s’avisa d’un expédient, honnête à son avis autant que sûr, pour s’approprier la plus grosse part de ce riche patrimoine : ce fut de demander en mariage pour son fils une fille qu’Anepsia avait eue d’un premier lit ; et la mère s’y montrant disposée, l’affaire fut bientôt conclue.

(36) Voilà quel ignoble spectacle donnait à la ville éternelle cet homme, dont le nom seul fait frémir, et qui procédait par de telles manœuvres au renversement de toutes les fortunes. Comme juge, Maximin ne s’en tenait jamais aux voies légales. À certaine fenêtre écartée du prétoire était constamment suspendue une ficelle, qui lui servait à recueillir de toutes mains les délations. Si dénuées qu’elles fussent de preuves, c’était toujours de quoi perdre quelqu’un. Il imagina un jour de chasser ostensiblement ses appariteurs Mucien et Barbarus,