Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/673

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pire et la gloire du nom romain ont leur principe, dans ce premier choix, tous les détails en sont importants : c’est pourquoi le soin des levées est une commission si délicate, et l’on ne doit pas la donner indifféremment à tout le monde. C’était, à ce qu’il parait, parmi un si grand nombre de qualités diverses, le talent que les anciens ont le plus admiré dans Sertorius. On doit même chercher, autant qu’on peut, la naissance et les mœurs dans la jeunesse, à qui on confie la défense des provinces et la fortune des armes. On fait ordinairement un brave soldat d’un homme bien né ; l’honneur l’oblige de vaincre, en l’empêchant de fuir : mais à quoi bon qu’un lâche ait été exercé dans les camps, et qu’il compte plusieurs campagnes ? Jamais le temps n’a rendu bonne une armée où l’on a négligé les recrues. Nous l’avons appris par notre expérience : tant de pertes que les ennemis nous ont fait éprouver partout ne doivent s’imputer qu’au relâchement qu’une longue paix avait introduit dans les levées, à ce goût dominant qui entraîne les meilleurs citoyens dans les charges civiles, à la négligence et à la lâcheté des commissaires qui remplissaient indistinctement les milices, et faisaient des soldats de misérables que les particuliers dédaignaient pour valets. Il convient donc que des hommes d’un mérite supérieur s’appliquent particulièrement à bien choisir, parmi la jeunesse, les plus propres au métier des armes.

chapitre viii.
De la marque de la milice.

Mais il ne faut pas tout d’abord imprimer au soldat de nouvelle recrue les marques de la milice. Il faut le tâter par des exercices, pour s’assurer s’il est capable d’un si grand travail. Il faut lui demander agilité et vigueur, et éprouver s’il a l’intelligence du métier des armes et la résolution du soldat. Un bon nombre, en effet, quoique de bonne apparence, à l’épreuve se trouvent indignes d’un si noble métier. Tous ceux qui manqueront de ces qualités doivent être renvoyés sur-le-champ et remplacés par de plus braves, parce que c’est moins le nombre qui gagne les batailles que la valeur. Alors on marquera pour la milice ceux qu’on aura jugés véritablement propres à faire des soldats, et l’on commencera à leur montrer le maniement des armes dans les exercices journaliers ; mais l’oisiveté d’une longue paix en a aboli la pratique. Qui trouverait-on aujourd’hui qui puisse enseigner ce qu’il n’a jamais appris ? Nous sommes donc obligés de rechercher dans les livres les anciens usages ; mais les historiens se contentent de rapporter les faits importants, les événements de la guerre, et passent sous silence, comme choses connues de leur temps, les détails dont nous avons besoin aujourd’hui. Les Lacédémoniens, les Athéniens, et plusieurs autres peuples de la Grèce, ont laissé là-dessus des recueils de préceptes, sous le nom de Tactica ; mais c’est aux Romains que nous devons emprunter les maximes de la guerre, à ce peuple dont la domination, resserrée d’abord dans les bornes les plus étroites, n’en a presque plus d’autres que celles de l’univers. C’est ce qui m’engage à étudier nos auteurs militaires, et à reproduire fidèlement dans cet essai ce que Caton le Censeur, ce grand homme, a écrit sur la discipline militaire ; ce que Cornélius Celsus et Frontin ont jugé à propos d’en toucher ; ce que Paternus, cet auteur si profond sur les matières