Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/675

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de pied, mais encore les cavaliers, les chevaux, les valets même, afin qu’aucun d’eux ne se perde, faute de savoir nager quand cela est nécessaire.

chapitre xi.
Comment les anciens exerçaient les nouveaux soldats aux boucliers d’osier et aux pieux.

Voici, comme on le voit dans les écrits des anciens, quel était ce genre d’exercice : On donnait aux nouveaux soldats le bouclier rond d’osier, qui pesait le double de ceux dont on se servait à la guerre, et des bâtons une fois plus lourds que l’épée dont ils tenaient lieu. Avec ces espèces de fleurets, on les faisait escrimer le matin et l’après-midi contre le pieu. Cet exercice ne fut pas moins utile aux gladiateurs qu’aux soldats ; et les uns et les autres ne se distinguèrent jamais dans le cirque et sur le champ de bataille qu’après s’être ainsi escrimés contre le pieu. Chaque soldat plantait son pieu de façon qu’il tînt fortement, et qu’il eût six pieds hors de terre ; et c’est contre ce pieu, qu’armé du bouclier et du lourd bâton en guise d’armes véritables, il s’exerçait comme contre un ennemi, tantôt lui portant son coup au visage ou à la tête, tantôt l’attaquant par les flancs, et quelquefois se mettant en posture de lui couper les jarrets, avançant, reculant, et tâtant le pieu avec toute la vitesse et l’adresse que les combats demandent. Dans cet exercice on avait surtout attention que soldats portassent leurs coups sans se découvrir.

chapitre xii.
Qu’il faut apprendre aux nouveaux soldats à frapper d’estoc et non de taille.

L’ancien usage des Romains était de frapper d’estoc et non de taille. Non seulement ils venaient facilement à bout d’un ennemi qui ne leur opposait que le tranchant de l’épée, mais ils se moquaient de lui. En effet, les coups tranchants, quelque vigoureux qu’ils soient, sont rarement mortels, puisque les armes défensives et les os en préservent les parties les plus nécessaires à la vie. La pointe, au contraire, pour peu qu’elle entre de deux pouces, est mortelle ; car partout où elle pénètre elle offense nécessairement les organes de la vie. D’ailleurs on ne peut frapper de taille sans découvrir le bras et le côté droit ; au lieu qu’on reste tout à fait couvert en frappant d’estoc, et qu’on blesse son ennemi avant qu’il ait le temps de parer. Voilà pourquoi nos anciens préféraient l’estoc à la taille. Afin d’y former le nouveau soldat, ils le chargeaient de ces espèces d’armes qui pesaient deux fois plus que les armes d’usage ; de sorte qu’en maniant celles-ci, qu’il trouvait plus légères, il en sentait augmenter sa confiance et son ardeur.

chapitre xiii.
Qu’il faut enseigner l’escrime aux nouveaux soldats.

Il est un autre exercice, appelé l’escrime, qu’enseignent les maîtres d’armes, et qu’il faut apprendre aux nouveaux soldats. Cet usage subsiste encore en partie. Tous les jours l’expérience