Page:Mary Summer - Histoire du Bouddha Sakya-Mouni, 1874.djvu/137

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gieux ne pénétrera jamais dans une maison habitée par des femmes, une fois le soleil couché. Tenir les femmes à distance, c’est la seule chose qui puisse rassurer le maître ; il se méfie des vocations les plus décidées, et, comme saint Paul, il sait trop bien qu’il suffit d’un moment pour faire descendre un saint au rang des pécheurs.

Il y avait à Srâvasti un jeune homme riche et beau, enchaîné par une courtisane à la mode, qu’on appelait Bhadrikâ, c’est-à-dire Félicité, nom fort convenable pour une demoiselle de cette espèce. Elle exerçait sa profession en conscience, et, lorsqu’elle eut ruiné Sounanda, son amant, jusqu’au dernier Kârchâpana[1], elle parla de séparation. Sous ses propres yeux, le pauvre fou se vit remplacé. Dégoûté de la vie mondaine, il se fit religieux Bouddhiste. Il devint l’exemple de la communauté, et sa piété n’était égalée que par sa tristesse. Un jour, le démon, que ces vocations-là font rire, dirigea les pas de Sounanda vers la maison de son ancienne maîtresse. Celle-ci trouva piquant de détourner un religieux de ses devoirs ; elle fit tant et si bien, que le jeune homme oublia tous les vœux qu’il avait faits. Aussitôt la faute

  1. V. p. 84, n.