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SIR GEORGE COCKBURN

était accompagné d’une lettre, écrite au nom du Prince régent, où, « en recommandant à l’amiral d’avoir toute la déférence possible pour les désirs du général », on avait bien soin de marquer la condition qu’il n’y eût rien de contradictoire à la nécessité que l’amiral, aussi bien que le gouverneur de Sainte-Hélène, devait avoir toujours présente à l’esprit « de bien garder la personne du général Buonaparte ». Telle était donc la règle imposée à l’amiral. Ses consignes, d’un formalisme quasi liturgique, l’enfermaient en un cercle étroit que lui permettraient à peine d’élargir son tact, son esprit de conciliation, le juste sens des convenances. Même en enfreignant certains articles, il ne devait jamais contenter l’Empereur, moins encore se faire bien venir ; mais, en se tenant strictement à sa place, en ne se permettant aucune démarche qui put être mal interprétée, en écrivant le moins possible, en traitant les affaires de haut, avec sérénité, sans y porter ni passion ni intérêt, il était parvenu à ne provoquer aucun éclat, à n’entretenir aucune polémique ; il faut l’avouer, à prendre le beau rôle. « L’amiral était un gendarme », a dit Napoléon. N’est-ce pas un éloge ?

Ce qui rendait moins difficile la position de Cockburn, c’est que sa fonction était temporaire, qu’il savait son remplaçant en route et qu’il allait lui remettre le service avec les ennuis qu’il comportait et dont, d’ailleurs, en officier général qui a vu bien des choses, il ne s’exagérait point la por-