Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
L’EMPEREUR OFFRE DE SAUVER PARIS

et qui, non sans vraisemblance, attribue ses revers à la trahison. À la tête de cette armée que sa présence enflammera, il détruira, l’un après l’autre, Blücher et Wellington. « Je puis encore, a-t-il dit, écraser l’ennemi et donner le temps au Gouvernement de traiter avec les puissances. » Il a épinglé ses cartes d’après les renseignements fournis par Lavallette, par Maret, par Joseph, quantité d’autres, car il y a encore des Français ; il est prêt ; il se sent la résolution et le pouvoir de vaincre. Sa ressource est la guerre, et c’est son génie. Il fait appeler Beker et, devant Madame et Fesch venus pour lui dire adieu, il le prie d’aller à Paris, à la Commission, d’y demander de sa part le commandement de l’armée, « non comme empereur, mais comme général dont le nom et la réputation peuvent encore exercer une grande influence sur le sort de l’Empire ». Après avoir repoussé l’ennemi, il promet de se rendre aux États-Unis pour y accomplir sa destinée.

L’Empereur a compté sur le patriotisme de Fouché. « Se moque-t-il de nous ? répond Fouché à Beker, et ne sait-on pas comment il tiendrait ses promesses, fussent-elles acceptables ? » C’est assez dire qu’il a passé marché ailleurs. « Pourquoi, ajoute-t-il, vous êtes-vous chargé d’une pareille mission, lorsque vous deviez presser l’Empereur de hâter son départ dans l’intérêt de sa sûreté personnelle ? » Beker n’essaie point une justification qui n’eût point été entendue ; il réclame seu-