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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

les Anglais avaient établi, au Pic de Diane, un réservoir immense d’où l’eau était amenée, par des conduites, au camp et à Longwood. À Longwood, elle était recueillie dans un réservoir élevé à quelques pieds de terre et d’où l’on pouvait la conduire dans toutes les parties du jardin ; l’Empereur imagina d’étager des bassins reliés par des conduites à découvert ; il en traça minutieusement les plans sur le terrain, et, au bord d’un de ces bassins, il fit placer une grande volière dans le style chinois. De la terre extraite pour creuser ces bassins, on fit une masse circulaire qu’on arrangea en gradins garnis de gazon et destinés à être plantés de fleurs et de rosiers ; mais cette sorte d’amphithéâtre, placé à la hauteur de la véranda, interceptait la vue du potager et gênait la communication. L’Empereur fit percer une sorte de tunnel dans ces terres rapportées, y établit une espèce de grotte circulaire, munie de portes vitrées, revêtue en bois peint à l’huile et traversée par une large rigole en bois qui amenait l’eau des bassins du jardin au potager. Il venait souvent s’asseoir dans cette grotte. Au bassin du milieu, le chef de cuisine, Chandelier, était parvenu, au moyen d’un tuyau de plomb, à appareiller une petite gerbe d’eau. On ne la faisait jouer que quand l’Empereur sortait. Et c’étaient là ses fontaines jaillissantes, à lui qui avait eu Saint-Cloud, Versailles et les Tuileries. — C’était ridicule à ce compte, cette petite gerbe, mais ces gens avaient fait de leur mieux,