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NAPOLÉON ET LÀ RELIGION CATHOLIQUE

ils sont en mesure de faire pour lui ce que nul homme ne saurait faire.

Cela peut surprendre seulement ceux-là qui, différant de race, d’atavisme et de religion avec les Latins catholiques, jugent ceux-ci à leur mesure. Napoléon n’avait jamais fait profession d’incrédulité ; il avait une horreur prononcée contre l’athéisme. « C’est la maladie à craindre », disait-il, et il la combattait même avec des arguments peu convaincants ; déiste sans conteste, il ne répugnait point à la solution catholique : on ne trouverait pas de lui un acte ou une parole par quoi il ait contesté un dogme. Il avait un atavisme exclusivement catholique ; dans les deux lignes de sa famille, il avait des prêtres ; sa mère était très pieuse, elle était devenue dévote. Il avait eu une enfance catholique, une éducation catholique. Qui dira par quels liens mystérieux et secrets, l’homme reste attaché à la religion de ses ancêtres, à la religion que sa mère lui a enseignée, dont, avec ses premières paroles, il apprit à balbutier les prières ? Ce qui le tient peut n’être ni la connaissance, ni l’intelligence de la religion, ni la foi. mais c’est sa vie même et la vie de tous les siens ; ce sont eux qui s’éveillent en lui quand il entre dans certaines églises, qu’il entend certains chants, qu’il perçoit certaines odeurs : cela sans doute est physique, par des côtés ; de cet extérieur des choses à leur substance comme le pas est vite franchi ! Ne l’a-t-il pas fait ? Il y a une religion dans