Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/104

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occupe le nord de cette ligne de démarcation et s’incline vers l’océan Glacial, se présente comme un vaste désert, ou on ne compte pas, en moyenne, un seul habitant par kilomètre carré, où quelques agglomérations urbaines de minime importance et de faibles vestiges des civilisations anciennes forment des oasis clairsemées dans les bassins de la mer d’Aral, de l’Ili, du Tarim. La partie du sud-est et du sud nous offre au contraire une densité de population considérable, produit d’antiques civilisations ayant autrefois brillé du plus vif éclat, mais éteintes depuis des siècles, ou dont la splendeur est misérablement ternie. Dans les deux Amériques, des civilisations importées de l’Europe luttent encore avec la sauvagerie indigène ; l’Afrique, enfin, à l’exception d’une étroite lisière littorale, appartient à la barbarie.

Si nous envisageons la civilisation comme une œuvre commune l’humanité entière, une œuvre à laquelle toutes les nations du globe doivent ou devraient prendre part, nous voici aussitôt contraints de reconnaître, qu’en regard du nombre des « appelés », — il se chiffre aujourd’hui a plus d’un milliard et demi — bien petit en réalité est le nombre des « élus », c’est-à-dire de ceux qui collaborent actuellement ou ont collaboré jadis à cette tâche grandiose. Ils font partie des « peuples historiques » ainsi nommés par opposition aux peuples « nature », que l’anthropologiste Waitz, le premier, si je ne me trompe, a ainsi baptisés, en souvenir peut-être de