Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/126

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jouer un rôle déterminé dans l’histoire, à peu près comme le pavot, par exemple, est doué d’une vertu narcotique[1] ; comment pourrions-nous répondre aux questions suivantes ?

1o Pourquoi des groupes ethniques aussi étroitement congénères que les Kourdes et les Allemands, les Anglais et les Afghans, etc., faisant les uns et les autres partie du rameau aryen de la race blanche, ont-ils joué dans l’histoire des rôles si différents ?

2o Pourquoi, aux différentes périodes historiques, a-t-on vu d’intervertir la hiérarchie de race ? Aux temps, par exemple, où les Kouchites allumaient, dans la basse Chaldée et dans l’Inde septentrionale, le flambeau qui, de main en main, nous a été transmis à travers les siècles, les sociologistes-ethnographes de l’époque pouvaient, et à bon droit, branler la tête au sujet des populations à peau moins foncée et les condamner à l’abjection à perpétuité. Certes, elles ne possédaient point alors ce faisceau de facultés lentement et péniblement acquises dans la lutte pour vivre, puis transmises par l’hérédité ! D’après Hérodote[2], c’est bien à peu près, mais sous une forme plus polie, ce que les prêtres égyptiens disaient aux Hellènes, encore presque des troglodytes en dépit de leur peau blanche, tandis que, depuis trente ou quarante siècles, les négroïdes de

  1. Avec cette différence que tout marchand de simples sait définir convenablement le pavot, et que pas un des anthropologistes n’est encore parvenu à définir une race humaine.
  2. Histoire, livre II, Euterpe.