Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/127

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la vallée du Nil vivaient au milieu d’une civilisation raffinée.

3o Pourquoi les destinées historiques d’un même groupe de populations ont-elles si souvent varié, leurs caractères ethniques et anthropologiques restant sensiblement les mêmes ? les fellah de l’Égypte actuelle ont beau merveilleusement ressembler à leurs ancêtres des temps pharaoniques, ils ne pèsent plus comme les Retou, les Loudim dans la balance de l’histoire ; les Hellènes des ministères Delyannis ou Tricoupis n’occupent plus dans les annales de la civilisation leur place d’honneur du siècle de Périclès ; les rapports entre Italiotes et Germains, sous le prince de Bismarck et le roi Humbert, ne ressemblent guère à ce qu’ils étaient au temps de Tacite. Dégénérescence, nous dit-on ; mais ce n’est point en le désignant par un terme de convention que l’on explique un phénomène de l’histoire !

La biologie transformiste enseigne que l’hérédité n’a point empêché les descendants d’un couple de lémuriens de devenir singes, primates, ou hommes, suivant les conditions diverses des milieux ambiants auxquels ils s’adaptaient : il nous semblerait peu logique d’en déduire que cette même hérédité peut ou doit causer des abîmes, créer des barrières infranchissables entre les différents groupes du genre humain. Au contraire, si les prémisses sont vraies, les différences de race, loin de constituer la donnée première et invariable de l’histoire, ne sauraient être considérées que comme le produit de la