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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/16

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l’humanité s’accompliraient conformément au plan divin.

Il n’est guère d’anthropologistes et de géographes qui oseraient maintenir plus longtemps cette théorie, mais ils ne l’ont point remplacée. Même la plupart de ceux qui démontrent triomphalement l’absurdité des conceptions d’un Bossuet prenant une petite ville de Judée pour le centre de l’histoire universelle, en sont restés à un point de départ analogue. S’ils n’admettent plus l’existence d’un « peuple élu », du moins parlent-ils d’une « race élue », qui, seule, serait à même, par son génie propre, d’utiliser toutes les ressources que lui offre la nature et de répondre à l’action du milieu par une réaction intelligente. C’est ainsi que, même parmi les défenseurs de la théorie « évolutionniste », on proclame une hiérarchie primordiale des races conférant à la partie privilégiée de l’humanité, en dehors de l’influence du milieu, l’avantage capital de pouvoir se développer progressivement d’âge en âge : la civilisation serait son partage, tandis que les autres races devraient végéter dans la barbarie ou se maintenir dans un état relativement policé, mais sans issue. Comme de juste, cette race qui tient le premier rang, ce serait la nôtre. Il est vrai qu’on ignore si elle est originairement distincte des autres ou si elle se décompose elle-même en races différentes ; comprend-elle toutes les nations et tribus dites « aryennes » par