Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/261

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Amen-em-hat Ier ne l’avoue-t-il pas ? « Voici, on rassembla des armes contre moi, et je devins aussi faible que le serpent des champs. » Et ce progrès social n’est nullement acheté par une décadence sérieuse des arts techniques. Les Amen-em-hat ne construisent pas de pyramides semblables à celles de Giseh, mais ils font creuser le lac Mœris, ce réservoir de près de 3000 millions de mètres cubes d’eau, qui joue un rôle si important dans l’économie hydrologique de l’Égypte : nos ingénieurs modernes ne se lassent pas de l’admirer.

De l’avènement de la xiie dynastie à la déchéance manifeste de l’époque saïte, l’histoire de l’Égypte n’est plus qu’une longue succession de phases marquant la décomposition du pharaonisme primitif, en même temps que de nouvelles étapes sur la route du progrès. L’absolu pharaonique des âges memphites se scinde d’abord en deux parties, le temporel et le spirituel, le roi et le prêtre, qui ne tardent pas à devenir des antagonistes acharnés[1]. Si, sous les souverains memphites, les hiérophantes étaient encore semblables aux scribes profanes, aux fonctionnaires civils[2] soumis au pouvoir royal, ils n’en constituaient pas moins une sorte de caste, et cette caste, dans la

  1. Jusqu’au temps d’Hérodote la haine des prêtres poursuivait la mémoire de certains pharaons : Cheops, Cheprem, et plus particulièrement, Achthoés. Cf. Fr. Lenormant, G. Maspero.
  2. La statue du prêtre Ra-Nefer et celle du haut fonctionnaire Ti ont la même robe flottante, nouée autour des reins, et ramenée devant en un tablier roide, de forme triangulaire. Fr. Lenormant, ouv. cité.