y a cinq ou six mille ans, le premier document explicite de l’histoire du bassin tigro-euphratien[1], on voit revivre en lui un de ces Amen-em-hat thébains, constructeur de canaux, d’œuvres d’utilité publique, que leur commande la voix auguste du Fleuve dont seuls ils scrutent les mystères sacrés : « J’ai approfondi les [secrets des] Fleuves pour le bonheur des hommes… j’ai porté les eaux des branches mineures du Fleuve dans le désert, et je les ai fait déverser dans des fossés desséchés ; j’ai donné ainsi des eaux perpétuelles aux peuples des Soumir et des Accad…. J’ai changé les plaines désertes en plaines arrosées ; je leur ai donné la fertilité et l’abondance ; j’en ai fait un séjour de bonheur[2]. » Si, comme le pharaon nilotique, il n’a pas laissé à la postérité de mystérieux labyrinthe élevé sur les bords d’un lac artificiel semblable à celui du Fayoum, c’est du moins à lui que la tradition fait remonter l’origine du Nahar-Malkha. Le grand Canal royal, plus tard repris en sous-œuvre par Nabuchodonosor et remanié dans l’intention de faire de Babylone un port de mer, ne pouvait servir qu’aux fins de la colonisation et de l’agriculture, à une époque où la civilisation chaldéenne fuyait encore le littoral du golfe Persique comme l’Égypte thébaine avait fui les bords de la Méditerranée.
Ce parallélisme étroit de l’histoire des deux pays