Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

persiste donc jusque dans la phase secondaire où le despotisme, d’abord absolu et indivis, produit spontané des causes cosmiques, s’humanise en quelque sorte, et cherche à se légitimer en devenant utilitaire. Seulement, tandis que, dans la vallée du Nil, cette évolution s’accompagne d’une certaine différenciation qui, du despotisme inarticulé de l’époque memphite, dégage le despotisme sacerdotal, distinct du pouvoir royal, l’indivision persiste dans la Chaldée, et, pour longtemps encore, la royauté y garde le caractère magique. Par contre, la magie y prend un caractère décidément astrologique et devient un mélange inextricable de superstition et de véritable science.

Laplace affirmait déjà[1] que les connaissances astronomiques et cosmologiques des Chaldéens étaient autrement réelles et profondes que la science présumée des prêtres égyptiens : mesures de l’espace, calcul décimal, cercle zodiacal avec sa division en 360 degrés, conception d’une année solaire distincte de l’année lunaire, semaine de sept jours, division du nycthémère en douze heures équinoxiales égales à vingt-quatre heures ordinaires, tout cela est l’œuvre des rois astrologues de la basse Chaldée[2]. C’est que la nature particulière des crues de l’Euphrate et du Tigre, si différente de celles du Nil, faisait visibles à tous les yeux les incompréhensibles influences

  1. Exposition du Système du Monde, app. sur l’Histoire de l’Astronomie..
  2. G. Maspero, Perrot et Chipiez, ouv. cités.