Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/288

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du ciel sur les phénomènes « fluviaux » et partant, sur les destinées de l’homme et de toute sa race. La seule ligne de démarcation que, d’ailleurs, on puisse tracer entre la moderne philosophie réaliste de la nature et les superstitions de la magie et de l’astrologie des Chaldéens, c’est la notion exacte que nous possédons de ces influences, de leur essence, de leurs limites.

Les différences des milieux géographiques ne tarderont pas à créer, entre les civilisations de l’Égypte et celles de la Chaldée, des divergences très accusées. Bien que la basse Chaldée représente, sans contredit, la partie la plus isolée du bassin tigro-euphratien, son isolement est loin d’être aussi complet que celui de la vallée du Nil ; les influences du dehors se manifestent de bonne heure dans l’histoire mésopotamienne. Le Khoaspès, jadis fleuve indépendant du Tigre, draine les eaux du rebord méridional du plateau de la Médie : dans sa course rapide vers le golfe Persique, il fend des montagnes qui s’abaissent graduellement vers le sud, mais dont le socle, appartenant à la zone des hautes terres de l’Asie centrale, domine les plaines d’alluvion de la basse Chaldée. C’est là le royaume d’Élam de la Bible, où, dès l’aurore de l’histoire, on voit des cités nombreuses, des châteaux forts plutôt : Madactou (Badacta des auteurs classiques), Khamanou, Naditou, sièges de brigands couronnés, plus ou moins puissants, mais tous réunis, même à une époque antérieure à Abraham, sous l’autorité d’un prince ou chef suprême,