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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/295

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incarnations, et, plus tard, comme des représentants du Fort par excellence, du dieu de leur kaleh, les Sar assyriens châtient comme une impiété toute résistance à leurs armes. De là cette cruauté calme, froide, implacable, que respire chaque ligne des inscriptions léguées à la postérité pour célébrer leurs exploits. À la civilisation laborieuse de la Chaldée, préoccupée du « mystère du Fleuve et des Cieux », de la régularisation du cours des eaux, de la fertilisation des champs, succède une période de ravages que les ravageurs eux-mêmes dénoncent au monde comme leur titre de gloire. Dans les inscriptions qu’on en a retrouvées, Sennachérib énumère par dizaines les villes dont il dit : « Je les ai prises et rasées de fond en comble », et d’autres sur lesquelles il s’est « abattu comme un ouragan » et qu’il a « converties en monceaux, de cendres…. À leur place, j’ai fait le désert et un amas de ruines, j’ai balayé le pays ennemi comme avec un balai de flammes. » Dans le curieux document connu sous le nom de Cylindre de Taylor, il s’exprime comme suit : « Mes trophées nageaient dans le sang, ainsi que dans une rivière ;… mes chars de guerre, qui écrasent hommes et bêtes, broyaient les membres palpitants des ennemis. Je me suis érigé des trophées avec des amas de cadavres mutilés ; à tous ceux qui tombaient vivants en mon pouvoir je faisais couper les mains. » Assour-bani-pal, le célèbre bibliophile de Ninive, devait encore surpasser son aïeul dans l’art de torturer « les impies », ceux qui