Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/297

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Place, les Rassam, dans les grands musées de l’Europe et dont les reproductions ornent les livres si connus de Layard, de Perrot et Chipiez, de Kaulen, etc., nous montrent qu’aux Sar mésopotamiens revient le triste honneur d’avoir inventé ces hideux supplices — pal, croix, four ardent, écorchement, mutilations — toutes ces tortures dont les despotes temporels et spirituels ont si largement profité pour répandre la terreur.

Il ne faudrait pas attribuer à une perversité d’instinct, à une férocité de race, la cruauté révoltante que respirent les inscriptions assyriennes de la période la plus brillante des Sargonides, et qui contraste si fort avec l’esprit pacifique des anciens rois astrologues de la Chaldée ; cette cruauté découle logiquement de la situation. Ce que nous appelons la mission historique des rois assyriens, leur rôle strictement déterminé par le milieu, c’était de propager, dans les régions qui encadrent le bassin du Tigre et de l’Euphrate, les précieuses acquisitions de la civilisation chaldéenne qu’ils avaient eux-mêmes dérobées par lambeaux. Et, pour l’accomplissement de cette œuvre, avaient-ils, à cette époque, d’autres moyens que la coercition à outrance, le despotisme absolu, le culte de la force divinisée ? Les richesses accumulées pendant les longs siècles de la prépondérance chaldéenne, dans le bas pays dominé par les citadelles naturelles du « Pays des Brèches » et les buttes de la Mésopotamie, ne pouvaient manquer d’exciter la concu-