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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/299

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froide et calculée dont les textes[1] nous donnent une idée si vivante ! De là aussi cette pompe, cette mise en scène, cet orgueil dans la cruauté qui est le trait distinctif des mœurs assyriennes !

Effrayer à jamais les vaincus par l’appareil des supplices, ce but, les chroniques nous apprennent qu’il ne fut pas toujours atteint, surtout quand les vainqueurs négligèrent la suprême ressource d’emmener captifs devant eux la presque totalité des hommes et des femmes de la nation domptée. Tels ces troupeaux de prisonniers, ceux d’Israël entre autres, que, sur les bas-reliefs, on voit traînés aux corvées par une corde fixée à un anneau passé dans la lèvre. Règle générale, au lendemain de la défaite, les cités et les provinces les plus maltraitées essayaient de secouer la chaîne, tandis que l’ennemi était occupé à mettre à feu et à sang quelque autre peuple, toujours soumis et toujours révolté.

Donc, par la nature de son œuvre, l’empire assyrien appartient à la phase de propagation, à la phase secondaire de l’évolution historique, prélude sanglant de la période méditerranéenne. Mais par ses procédés, par ce que l’on pourrait appeler ses méthodes, il nous apparaît comme une création tout aussi spontanée du milieu qui l’a vu naître, que le despotisme absolu des pharaons memphites et des rois-astrologues de la Chaldée dont il est l’hypostase féroce et militante. Sans leurs antécé-

  1. Pour la plupart traduits par G. Smith, si prématurément enlevé à la science.