Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/300

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dents chaldéens, les populations mésopotamiennes n’auraient probablement jamais dépassé le degré de culture qu’occupent encore de nos jours les montagnards du Kourdistan, de l’Azerbeidjan occidental et du Kouristan ; mais, sans les Sargonides, la civilisation pacifique de la Chaldée aurait mis des milliers d’années à dépasser la région des bas fleuves, pour se répandre dans l’Asie antérieure jusqu’à la mer Égée. Et, d’un autre côté, l’art de propager les civilisations acquises, une fois né de l’avidité des peuplades du haut pays mésopotamien, ne pouvait s’attarder à la phase rudimentaire représentée à nos yeux, dans sa plus belle période de gloire, par le second empire assyrien. Ces répressions et ces rébellions en permanence, qui mettaient les peuples en contact douloureux et laissaient toutes les questions indécises comme à la veille des batailles, auraient inévitablement fini par l’exténuation complète des vainqueurs et des vaincus ; l’Asie antérieure eût été noyée dans le sang. Mais cette sanguinaire orgie de la violence divinisée devait, par une longue expérience, apprendre nécessairement aux intéressés une vérité si simple et cependant si mal comprise encore, c’est que la solidarité des faibles est le seul remède à l’oppression des forts. Six siècles avaient à peine passé depuis la date assignée par Bérose aux origines de la monarchie assyrienne, que nous voyons déjà des alliances offensives s’ébaucher entre les éternels vaincus de l’Élam et de la Chaldée contre les invin-