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cibles pillards du Naharaïm. À la mort de ce même Assour-bani-pal, qui se glorifie d’avoir dépassé en férocité les plus cruels de ses prédécesseurs, la Médie, dont la capitale, Ecbatane, s’abritait de temps immémorial sur le versant iranien de l’imposant massif de l’Elvend, surgissait tout d’un coup à la lumière de l’histoire comme place d’armes des rebelles de la Susiane, du bas pays du Khoaspès et de l’ancien empire babylonien. Hérodote nous apprend que Cyaxares, roi de Médie, profitant de l’embarras où se trouvait le Sar assyrien, engagé dans sa reconquête perpétuelle des pays de l’Ouest et du Sud, lui infligea une terrible défaite et assiégea le repaire même du lion, « la ville sanguinaire, toute pleine de mensonge, toute remplie de proie[1] ». L’Asie antérieure eût-elle été séparée du monde entier par des barrières naturelles plus infranchissables que le Caucase aux « portes nombreuses », ou que les chaînes et les déserts qui l’isolent de l’Asie centrale, ses destinées historiques, à partir de ce moment-là, auraient probablement suivi le même cours. Livrée à ses seules forces, Ninive, « cette prostituée pleine de charmes, experte en sortilèges, qui vendait les nations par ses prostitutions et les familles par ses enchantements, » eût également succombé devant la coalition des peuples vaincus. Élam, Babylone, la Susiane avaient trouvé leur centre stratégique à

  1. Le Prohète Nahum, chap. iii, v. I. Les citations qui suivent sont empruntées à d’autres versets de ce même chapitre.