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L’INDUS ET LA GANGE

foyer, pour importuner Indra, le dieu atmosphérique, et Roudra, le chef souverain des vents (Marouts), qui, à la voix tonnante de l’orage, vont traire les nuées, les « vaches célestes », pour arroser les semailles des Aryas. On affirme encore, il est vrai, que la prière chantée par un vaïcya vaut bien celle d’un deva, si elle procure la pluie et la richesse, mais on commence à accorder plus de crédit aux chants composés par quelque psalmiste de race, par quelque descendant des Richi des temps anciens. Les prêtres ont fait leur apparition ; il y en a même de deux autels : ceux d’Agni et ceux d’Indra, « qui sont les uns aux autres d’irréconciliables ennemis que le soma surexcite[1] ».

Les Aryas avaient toujours connu la division de la société en cinq classes, Pantcha manoucha : serviteurs, maîtres, guerriers, inspirés et seigneurs[2], mais, aux beaux temps védiques, aucune de ces classes ne dominait les autres. « Dans le combat, nous dit un ancien chant sacré, Agni peut favoriser un Arya obscur et pauvre et le faire triompher. » Mais la division s’accentue à mesure que change le milieu, et, bien avant la fin de l’époque védique,

  1. Texte védique.
  2. Cette division doit être antérieure à l’émigration aryenne, puisqu’elle se retrouve intégralement chez les Iraniens. À l’ouest du Souleïman-dagh, voici comme se classaient les Pantcha manoucha : les Mages (brahmanes), les Arizantes (Kchatryas), les Buxos (Vaïcyas), les Struchates (pasteurs), et, tout au bout, les Paraïtaka, qui, comme les Tchandala de l’Inde, étaient regardés comme vivant en dehors de l’humanité.