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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

dance, ou qu’ils soient tombés sous le pouvoir de l’étranger. Pour lui, la qualité de Chinois domine les combinaisons de la politique ou des origines.

Déjà nous avons exprimé notre scepticisme au sujet de l’antiquité fabuleuse que certains auteurs européens et chinois prêtent au Céleste Empire. Des écrivains très sérieux[1] l’ont fait remarquer : plus un livre chinois est moderne, plus les origines des Fils de Han y sont reculées dans le passé. Le Chi-king, le recueil classique des poésies nationales et l’un des ouvrages les plus archaïques[2], ne remonte pas au delà de Oueñ-vang et d’Ou-vang, fondateurs de la dynastie des Tcheou (1122 av. J.-C.) ; le grand Yu n’y est que très vaguement mentionné ; plus tard, le Chou-king, le classique des Annales, attribué aussi à Confucius, parle de Yao et de Chouñ, souverains du xxiiie siècle avant l’ère chrétienne ; puis Sze-ma-tieñ, « l’Hérodote chinois » (1er s. de l’ère chrétienne) invente Hoang-ti[3] dont il place la mort en l’année 2597 avant Jésus-Christ. Pourtant, à l’exception des ouvrages assignés à Confucius, l’historien n’avait guère à sa disposition que de

  1. D’Escayrac de Lauture, Mémoire sur la Chine ; Vassilieff, Esquisse d’une histoire de la Littérature chinoise (en russe).
  2. Vassilieff, ouv. cité ; W. Grube, Sprachwissenschaffliche Stellung des Chinesichen. Seul, en fait d’ancienneté, le Tchouñ-tsin, chronique du royaume de Lou, qu’on rapporte même à Confucius, pourrait lui disputer la palme.
  3. L’ « empereur Jaune ». Hoang-ti, nom propre, s’écrit autrement que Hoang-ti, « l’auguste empereur », désignation du souverain en usage dans la Chine et le Japon. Mais cette homophonie de jaune et d’auguste mérite d’être signalée.