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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/386

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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

tard les progrès de l’Inde et de la Chine. Les Chinois (et c’est la plus grande partie de leur originalité), sont le seul peuple au monde qui ait su se conquérir une place d’honneur dans l’histoire tout en conservant une des formes rudimentaires du langage. Nous ne prétendons pas que la langue chinoise n’ait évolué depuis son origine, ou seulement depuis les temps historiques ; W. Grube[1] a parfaitement raison quand, dans l’histoire de cet idiome, il distingue trois périodes : préclassique, classique et historique ; mais cette évolution n’a d’intérêt que sous la loupe des recherches philologiques. En dépit de ces progrès, la langue du Céleste Empire, considérée comme instrument de la pensée, est restée incontestablement inférieure à celles de tous les autres peuples historiques, parce qu’elle est d’un maniement plus difficile. Depuis longtemps, les Chinois peuvent exprimer les formes les plus délicates, les plus complexes de la pensée, mais ce résultat leur a coûté des siècles d’efforts. Leur richesse lexicologique se composant de 450, tout au plus de 480 monosyllabes, ils ont dû, pour multiplier ces 480 sons, recourir à des complications et à des raffinements excessifs. Le ton ascendant, naturel ou descendant sur lequel ils prononcent un mot, a pour eux une importance phonétique capitale ; mais, en dépit de tous ces soins, ils ne réussissent guère qu’à porter à mille le nombre de leurs mots usuels. Par lui-même, chaque vocable

  1. Sprachwissenschaftliche Stellung des Chinesischen.