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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

ment de transformation du chinois vulgaire ; quant au chinois classique, l’extrême complication de son idéographie pèse sur le développement intellectuel de la nation ; l’écriture et la lecture absorbant tout le temps des études, les connaissances mathématiques et scientifiques sont forcément négligées.

La diversité des idiomes parlés en Chine n’est point la conséquence nécessaire du monosyllabisme et du caractère isolant du chinois, mais il est permis d’en conclure que les éléments constitutifs de la nation y ont été de tout temps variés comme aujourd’hui, peut-être plus encore. Sans compter les Mongols et les peuplades altaïques non encore fondues dans le reste de la population ; sans compter les Fokiénois et les Cantonais, mélangés à tous les degrés d’éléments malais et autres encore mal déterminés, on trouve dans la Chine propre des représentants de toutes les grandes divisions du groupe des peuples à langues monosyllabiques : Tibétains (Si-fañ) Barmans (Lolos), Siamois, (Papé, Miao-tse). L’ethnologie des habitants de cette région n’est pas assez avancée pour qu’on puisse, en connaissance de cause, dire s’ils ont commune origine.

Mais si, en Chine, comme dans tous les territoires historiques passés en revue jusqu’ici, il est impossible d’attribuer le rôle d’initiateur de la civilisation à un groupe ethnique déterminé, la part décisive qui revient à ses grands fleuves, au Hoang-ho surtout, dans la création et l’épanouissement du Céleste Empire, n’est pas difficile à constater. Tout