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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

ce qui reste aux Chinois de traditions relatives à leurs origines se concentre sur le grand fait d’un déluge, d’un débordement des eaux. Nous lisons, au commencement du livre classique des Annales : « Les eaux épanchées m’effrayent (dit Yao) ; ces eaux épanchées sont le déluge. (Yao) ordonna à Yu de réglementer (les eaux). L’eau coula (désormais) au milieu, ce sont le Hoang-ho, le Kiang et le Hañ. Quand les dangers et les obstacles furent écartés, quand le mal causé par les bêtes et les oiseaux fut amoindri, les hommes s’établirent sur la terre pacifiée. » Meng-tse, à son tour, nous donne une description autrement vive et détaillée de ce débordement des fleuves. Si, dans le livre de Confucius dont il ne faut pas perdre de vue le caractère didactique, Yu apparaît comme un personnage secondaire, exécuteur modeste des ordres d’un souverain imaginaire, l’intention est aisée à deviner : le premier devoir d’un monarque, père de ses sujets, n’est-il pas de choisir parmi les humbles l’homme le plus propre à la tâche qu’on lui confie ? Confucius, d’ailleurs, ne tarde pas à réhabiliter ce héros de l’humiliation temporaire, car il l’élève au rang d’empereur, fondateur de la dynastie des Hia. Cette exaltation de Yu, il est vrai, fournit au philosophe l’occasion d’insister à nouveau sur son thème favori, électivité du pouvoir souverain ; cependant, de l’avis unanime des connaisseurs en littérature chinoise[1], ce troisième

  1. Richthofen, China, t. I ; Vassilieff, ouv. cité.