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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/105

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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

d’Arras : « Que j’aie de mes désirs assouvissance, et jamais d’autre bien ! »

Ce qui pouvait surprendre, c’est que parmi les fêtes folles, les magnificences ruineuses, les affaires du comte de Flandre semblaient n’en aller que mieux. Il avait beau donner, perdre, jeter, il lui en venait toujours davantage. Il allait grossissant et s’arrondissant de la ruine générale. Il n’y eut d’obstacle qu’en Hollande ; mais il acquit sans grande peine les positions dominantes de la Somme et de la Meuse, Namur, Péronne. Les Anglais, outre Péronne, lui mirent entre les mains Bar-sur-Seine, Auxerre, Meaux, les avenues de Paris, enfin Paris même.

Bonheur sur bonheur : la fortune allait le chargeant et le surchargeant. Il n’avait pas le temps de respirer.

Elle fit tomber au pouvoir d’un de ses vassaux la Pucelle, ce précieux gage que les Anglais auraient acheté à tout prix. Et au même moment, sa situation se compliquant d’un nouveau bonheur, la succession du Brabant s’ouvrit, mais il ne pouvait la recueillir, s’il ne s’assurait de l’amitié des Anglais.

Le duc de Brabant parlait de se remarier, de se faire des héritiers. Il mourut à point pour le duc de Bourgogne[1]. Celui-ci avait à peu près tout ce qui entoure le Brabant, je veux dire la Flandre, le Hainaut, la Hollande, Namur et le Luxembourg. Il lui manquait la province centrale, la riche Louvain, la dominante Bruxelles. La tentation était forte. Aussi ne fit-il

  1. Mort le 4 août, selon l'Art de vérifier les dates, le 8 selon Meyer. Il négociait avec René d’Anjou, héritier de Lorraine, pour épouser sa fille.