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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/112

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HISTOIRE DE FRANCE

tion. Dans cet acte étrange, il passe du rôle de juge à celui de négociateur, et fait des offres d’argent ; quoique cette femme ne puisse être considérée comme prisonnière de guerre, le roi d’Angleterre donnera deux ou trois cents livres de rente au bâtard de Vendôme, et à ceux qui la retiennent la somme de six mille livres. Puis, vers la fin de la lettre, il pousse jusqu’à dix mille francs, mais il fait valoir cette offre : « Autant, dit-il, qu’on donnerait pour un roi ou prince, selon la coutume de France. »

Les Anglais ne s’en fiaient pas tellement aux démarches de l’Université et de Cauchon qu’ils n’employassent des moyens plus énergiques. Le jour même où Cauchon présenta sa sommation, ou le lendemain, le conseil d’Angleterre interdit aux marchands anglais les marchés des Pays-Bas (19 juillet), notamment celui d’Anvers, leur défendant d’y acheter les toiles et les autres objets pour lesquels ils échangeaient leur laine[1]. C’était frapper le duc de Bourgogne, comte de Flandre, par un endroit bien sensible, par les deux grandes industries flamandes, la toile et le drap ; les Anglais n’allaient plus acheter l’une et cessaient de fournir la matière à l’autre.

Tandis que les Anglais agissaient si vivement pour perdre la Pucelle, Charles VII agissait-il pour la sauver ? En rien, ce semble[2]; il avait pourtant des prisonniers entre ses mains ; il pouvait la protéger, en

  1. App. 46.
  2. Dans les lettres par lesquelles Charles VII accorde divers privilèges aux Orléanais immédiatement après le siège, pas un mot de la Pucelle ; la déli-