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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

menaçant de représailles. Récemment encore, il avait négocié par l’entremise de son chancelier, l’archevêque de Reims ; mais cet archevêque et les autres politiques n’avaient jamais été bien favorables à la Pucelle. Le parti d’Anjou-Lorraine, la vieille reine de Sicile qui l’avait si bien accueillie, ne pouvaient agir pour elle en ce moment près du duc de Bourgogne. Le duc de Lorraine allait mourir[1], on se disputait d’avance sa succession, et Philippe-le-Bon soutenait un compétiteur de René d’Anjou, gendre et héritier du duc de Lorraine.

Ainsi, de toutes parts, ce monde d’intérêt et de convoitise se trouvait contraire à la Pucelle, ou tout au moins indifférent. Le bon Charles VII ne fît rien pour elle, le bon duc Philippe la livra. La maison d’Anjou voulait la Lorraine, le duc de Bourgogne voulait le Brabant ; il voulait surtout la continuation du commerce flamand avec l’Angleterre. Les petits aussi avaient leurs intérêts : Jean de Ligny attendait la succession de Saint-Pol, Cauchon l’archevêché de Rouen.

En vain la femme de Jean de Ligny se jeta à ses pieds, elle le supplia en vain de ne pas se déshonorer Il n’était pas libre, il avait déjà reçu de l’argent anglais[2]; il la livra, non, il est vrai, aux Anglais directement, mais au duc de Bourgogne. Cette famille de Ligny et de Saint-Pol, avec ses souvenirs de grandeur et ses


    vrance de la ville est due « à la divine grâce, au secours des habitants et à l’aide des gens de guerre ». (Ordonnances, XIII.) — Voy. toutefois plus bas L’expédition de Xaintrailles. App. 47.

  1. Il mourut quelques mois après, le 25 janvier 1431.
  2. La rançon fut payée avant le 20 octobre. App. 48.