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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/125

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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

commandait ; quand j’aurais eu cent pères et cent mères, je serais partie[1]. »

« Les voix ne vous ont-elles pas appelée fille de Dieu, fille de l’Église, la fille au grand cœur ? — Avant que le siège d’Orléans ait été levé, et depuis, les voix m’ont appelée, et m’appellent tous les jours : « Jehanne la Pucelle, fille de Dieu. »

« Était-il bien d’avoir attaqué Paris le jour de la Nativité de Notre-Dame ?— C’est bien fait de garder les fêtes de Notre-Dame ; ce serait bien, en conscience, de les garder tous les jours. »

« Pourquoi avez-vous sauté de la tour de Beaurevoir ? (ils auraient voulu lui faire dire qu’elle avait voulu se tuer). — J’entendais dire que les pauvres gens de Compiègne seraient tués tous, jusqu’aux enfants de sept ans, et je savais d’ailleurs que j’étais vendue aux Anglais ; j’aurais mieux aimé mourir que d’être entre les mains des Anglais[2]. »

« Sainte Catherine et sainte Marguerite haïssent belles les Anglais ? — Elles aiment ce que Notre-Seigneur aime, et haïssent ce qu’il hait. — Dieu hait-il les Anglais ? — De l’amour ou haine que Dieu a pour les Anglais et ce qu’il fait de leurs âmes, je n’en sais rien ; mais je sais bien qu’ils seront mis hors de France, sauf ceux qui y périront[3]. »

« N’est-ce pas un péché mortel de prendre un

  1. Procès, 12 mars.
  2. Ibid., 14 mars. Elle répond le lendemain à une question analogue qu’elle fuirait encore, si Dieu le permettait : « Faceret ipsa une entreprinse, allegans proverbium gallicum : Ayde-toi, Dieu te aydera. » (Procès, mss., 15 mars.)
  3. Interrogatoire du 17 mars.