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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/170

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HISTOIRE DE FRANCE

Lors même qu’elle se plaisait aux vaines élégances et aux raffinements extérieurs, elle restait au fond plus près de la nature. Le Français, même vicieux, gardait plus qu’aucun autre le bon sens et le bon cœur[1]

Puisse la nouvelle France ne pas oublier le mot de l’ancienne : « Il n’y a que les grands cœurs qui sachent combien il y a de gloire à être bon[2]’ ! » L’être et rester tel, entre les injustices des hommes et les sévérités de la Providence, ce n’est pas seulement le don d’une heureuse nature, c’est de la force et de l’héroïsme… Garder la douceur et la bienveillance, parmi tant d’aigres disputes, traverser l’expérience sans lui permettre de toucher à ce trésor intérieur, cela est divin. Ceux qui persistent et vont ainsi jusqu’au bout sont les vrais élus. Et quand même ils auraient quelquefois heurté dans le sentier difficile du monde, parmi leurs chutes, leurs faiblesses et leurs enfances[3], ils n’en resteront pas moins les enfants de Dieu !

  1. Il restait toujours bon enfant ; petit mot, grande chose. Personne aujourd’hui ne veut être ni enfant ni bon ; ce dernier mot est une épithete de dérision.
  2. C’est le mot du Philoctète de Fénelon. App. 70.
  3. Saint François de Sales.