LIVRE XI
CHAPITRE PREMIER
La mort de la Pucelle était, dans l’opinion des
Anglais, le salut du roi. Warwick disait, quand il crut
qu’elle échapperait : « Le roi va mal, la fille ne sera
pas brûlée. » Et encore : « Le roi l’a achetée cher ; il
ne voudrait pour rien au monde qu’elle mourût de
mort naturelle. »
Ce roi qui, disait-on, ne pouvait vivre que par la mort de la jeune fille, qui voulait qu’elle pérît, c’était lui-même un tout jeune enfant de neuf ans, innocente et malheureuse créature, déjà marquée pour l’expiation… Pâle effigie de la France mourante, il se trouvait, par la malice du sort ou la justice de Dieu, placé dans le trône d’Henri V, afin qu’en réalité ce trône restât vide et que pendant un demi-siècle l’Angleterre n’eût ni roi ni loi.