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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/177

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DISCORDES DE L’ANGLETERRE. — ÉTAT DE LA FRANCE

qu’en 1430 ils avaient proposé de démolir les places fortes, dont l’entretien était trop coûteux. N’était-ce pas une haute trahison ?… Voilà pourquoi sans doute ils fermaient le conseil à lord Glocester, au roi même. Leur effronterie allait jusqu’à envoyer au Parlement, comme membres des Communes, des gens qui n’avaient pas été élus… Glocester couronnait ces accusations par une terrible histoire. Son frère Henri V lui avait conté qu’une nuit qu’il couchait à Winchester, son chien jappa, et l’on trouva un homme caché sous un tapis ; l’homme avoua que Winchester l’avait chargé de tuer le roi[1]; mais on ne voulut pas donner suite à la chose, il fut noyé dans la Tamise.

De son côté, Winchester avait beau jeu pour récriminer. Tout le monde savait, voyait les fureurs de Glocester : prises d’armes dans la Cité, coup de main pour forcer la Tour, son mariage improvisé, et sa folle guerre contre l’allié de l’Angleterre pour se faire un État à lui. Ce violent et dissolu Glocester avait osé épouser publiquement deux femmes ; les chastes ladies de Londres avaient tellement souffert en leur délicatesse de cet énorme scandale, qu’elles en portèrent plainte au Parlement[2]. La seconde femme était d’une famille alliée au fameux hérétique Oldcastle ; c’était une Lenoma Cobhar, belle, méchante, qui n’avait que trop d’esprit, et qui, après je ne sais combien d’aventures, n’en avait pas moins ensorcelé le duc, au point de s’en faire épouser. Cette femme

  1. App. 74.
  2. Voy. plus haut, p. 20, note 1.