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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/189

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DISCORDES DE L’ANGLETERRE. — ÉTAT DE LA FRANCE

patienter, saisir l’occasion, frapper à propos ; il peut déjà, moins inquiet de ce côté, s’informer des affaires intérieures, examiner l’état de la France, après tant de maux, s’il y a encore une France.

Dans cette vaste et confuse misère, parmi tant de ruines, deux choses étaient debout : la noblesse et l’Église. La noblesse avait servi le roi contre les Anglais, servi gratis un roi Mendiant ; elle y avait mangé beaucoup du sien, tout en mangeant le peuple ; elle comptait être dédommagée. L’Église, d’autre part, se présentait comme bien pauvre et souffreteuse, mais il y avait cette notable différence qu’elle était pauvre par l’interruption du revenu ; généralement le fonds restait. Le roi, débiteur de la noblesse, ne pouvait s’acquitter qu’aux dépens de l’Église, soit en forçant celle-ci de payer, ce qui semblait difficile et dangereux, soit plutôt doucement, indirectement, au nom des libertés ecclésiastiques, en rétablissant les élections où dominaient les seigneurs, et les mettant à même de disposer ainsi des bénéfices. Le pape y nommait souvent des partisans de l’Angleterre ; Charles VII n’avait pas à les ménager. Il adopta dans sa Pragmatique de Bourges (7 juillet 1438) les décrets du concile de Bâle qui rétablissaient les élections et reconnaissaient les droits des nobles patrons des Églises à présenter aux bénéfices[1]. Ces patrons, descendants des pieux fondateurs ou protecteurs, regar-

  1. App. 81.