Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
DISCORDES DE L’ANGLETERRE. — ÉTAT DE LA FRANCE

Le concile de Bâle était dans une situation difficile ; le pape ouvrait contre lui son concile de Florence et faisait grand bruit de la réunion de l’Église grecque. Ceux de Bâle, in extremis[1], se hâtèrent d’accomplir la grande réforme qui devait leur gagner les seigneurs, les évêques, les universités, c’est-à-dire confédérer tous les pouvoirs locaux contre l’unité pontificale. Pour la collation des bénéfices, le pape était réduit par le concile presque à rien ; on lui en laissait un sur cinquante. Autre réduction sur les annates et droits de chancellerie. Enfin la grande force d’unité, celle qui traînait à Rome des nations de plaideurs, qui y faisait couler des fleuves d’or, l’appel[2], était interdit (sauf quelques cas extraordinaires), toutes les fois que les plaideurs auraient plus de quatre jours de chemin pour se rendre à Rome ; c’était faire descendre le juge des rois au rôle de podestat de la banlieue.

Ce qui charmait la France, alors si pauvre, c’est que la Pragmatique allait empêcher l’or et l’argent de sortir du royaume. Plus tard, lorsque la défense fut levée, le Parlement, dans une remontrance, fait un compte lamentable des millions d’or qui ont passé à Rome en quelques années. « Le Pont-au-Change, dit-il douloureusement, n’a plus ni change ni changeurs ; on n’y

  1. Le concile dura longtemps encore, mais en concurrence avec celui de Ferrare.
  2. Quand la Pucelle en appela au pape, l’évêque de Beauvais répondit : « Le pape est trop loin. » Dans la réalité, il se trouva que les évêques eux-mêmes, pour s’être ainsi débarrassés du pape, eurent un pape (et plus dur) dans le Parlement. App. 82.