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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/192

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HISTOIRE DE FRANCE

voit que des chapeliers, des faiseurs de poupées[1]. » Le Parlement se montre peu touché des retours en parchemin qu’on obtenait de Rome. L’absence de l’or se faisait vivement sentir. Sous Charles VII, il était vraiment nécessaire comme instrument de la guerre, comme moyen d’action rapide : la banque tournait de ce côté ses spéculations ; jusque-là occupée du change de Rome et de la transmission des décimes ecclésiastiques, elle allait tirer sur les Anglais cette lettre de change qu’ils payèrent avec la Normandie[2].

Puisqu’on chassait les Anglais, il semblait naturel de chasser aussi les Italiens. La France voulait faire elle-même ses affaires, affaires d’argent, affaires d’Église. Pourquoi l’Église établie d’Angleterre subsistait-elle parmi tant d’attaques ? C’est qu’elle était toute anglaise, fermée aux étrangers, soutenue par les familles nobles, par ses ennemis même qui y plaçaient leurs parents ou leurs serviteurs ; n’était-ce pas un exemple pour l’Église de France ?

Il y avait toutefois une chose à craindre, c’est qu’une Église si bien fermée aux influences pontificales ne devînt, non pas nationale, mais purement seigneuriale. Ce n’était pas le roi, l’État, qui hériterait de ce que perdait le pape, mais bien les seigneurs et les nobles. À une époque où l’organisation était si faible encore, on n’agissait guère à distance ; or, à chaque élection, le seigneur était là pour présenter ou

  1. Il est curieux de voir avec quel enthousiasme ces magistrats parlent de l’argent : « Numisma est mensura omnium rerum, etc. » App. 83.
  2. Voy. plus bas l’influence du grand banquier Jacques Cœur.